Une punition, pourquoi faire?
On punit un enfant pour lui apprendre quelque chose. C’est une pratique qui a une intention éducative. On pense qu’en le punissant, il va comprendre qu’il a fait une erreur ou une bêtise et ne recommencera pas. Un peu comme quand on met quelqu’un en prison pour lui faire comprendre qu’il a eu tort de faire ce qu’il a fait. Je ne suis pas une spécialiste de la récidive, mais on peut trouver facilement des données sur le fait que:
« 41,4% des personnes condamnées à de la prison ferme pour des délits récidivent »*.
Ce qui remet quand même un peu en cause le principe du : « ça lui apprendra », non?
Si les adultes n’arrivent pas à comprendre la leçon, comment les enfants pourraient-ils réussir? Les enfants sont-ils plus intelligents que les adultes? Leur cerveau est-il plus mature? Leur compréhension du monde plus pertinente?
« Il faut marquer le coup », « on ne peut pas laisser passer ça! », « il faut qu’il comprenne » autant de justifications à la punition de la part de parents qui sont le plus souvent démunis, n’ayant eux-mêmes connus que ce mode d’éducation.
Mais est-ce que ça fonctionne vraiment?
Ce que comprend l’enfant
L’enfant, de son point de vue, comprend que ses parents ne sont pas contents. Il comprend aussi qu’il n’est pas une bonne personne et que c’est pour cela que ses parents ne l’aiment pas. S’ils l’aimaient vraiment, comment pourraient-ils le priver de son dessin animé préféré, du gouter d’anniversaire chez son copain, de sa console de jeux ou de son téléphone?
« Quand on aime, on ne cherche pas à faire du mal », se dit l’enfant.
Mes parents veulent me faire du mal, puisqu’ils savent très bien qu’en me privant de ça, cela me fera de la peine, beaucoup de peine, puisque c’est justement mon objet préféré ou mon activité favorite. Ils sont donc intentionnellement méchants à mon égard.
L’enfant ne capte pas du tout la leçon à retenir. Le plus souvent il ne voit pas du tout le rapport entre ce qu’il a fait et ce qu’on l’empêche de faire. Il est seulement blessé. Il se sent rejeté, dévalorisé, incompris. Son émotion coupe toutes ses facultés cognitives et la leçon à retenir passe complètement à la trappe.
Dans une fratrie, les punitions deviennent vite le moyen de vérifier qui est le préféré et qui est le mal aimé.
« Je suis plus puni que mon frère, c’est toujours moi qui prend, vous ne le punissez jamais…. parce que vous le préférez. »
Et oui, quelle autre raison y-aurait-il?
Les conséquences de la punition
Et le pire dans cette histoire, c’est que la punition n’est pas du tout efficace. A court terme, peut-être, certains parents diront « il n’y a que ça qui marche ». Mais à moyen ou long terme, c’est un mauvais calcul. L’enfant aura tendance à se rebeller de plus en plus « j’ai rien à perdre » ou à faire des bêtises « en douce pour ne pas être pris ».
La confiance est rompue. Ses parents passent du côté « des méchants ». Ils ne sont plus ses alliés, ses sauveurs, ses confidents, ils deviennent l’ennemi à combattre, frontalement ou par derrière. Quoiqu’il en soit, il y aura toujours des représailles.
La rancœur s’installe. Ca coûte cher de punir un enfant. Ca ouvre la porte à toute sorte de difficultés, de conflits, de mésententes, de disputes. En se mettant à dos notre enfant, on se prive de tout ce qui fait le plaisir d’être un parent et notre quotidien devient une suite d’embuches de plus en plus difficiles à éviter. Alors on punit de plus en plus, et évidemment les choses ne s’arrangent pas. Bien au contraire.
Les répercussions psychologiques
Les parents sont sensés transmettre à leurs enfants deux choses essentielles: l’affection et la sécurité.
En punissant un enfant, on le prive de ces deux éléments. On ne peut pas être affectueux en punissant, puisque ce sont deux attitudes complètement antinomiques. Et si ses parents deviennent des ennemis à combattre qui lui veulent du mal, l’enfant ne peut pas compter sur eux pour le protéger du monde extérieur. Alors, à qui pourra-t-il se fier?
Cette insécurité peut contribuer à développer toutes sortes de troubles anxieux, des phobies, des angoisses irraisonnées et aussi un manque de confiance en soi (puisqu’on est une mauvaise personne depuis le début, puisqu’on ne fait ou dit que des bêtises depuis tout petit). Comment ne pas avoir peur du regard des autres? Comment se protéger? Comment se sentir en sécurité dans ce monde hostile?
Halte à la culpabilité
Si vous punissez votre enfant, c’est que vous avez de bonnes intentions: vous voulez qu’il se comporte bien, qu’il apprenne la différence entre le bien et le mal, qu’il ait une vivre heureuse. Donc, aucune raison de vous sentir coupable (même après la lecture de cet article, si, si, je vous assure!). La culpabilité ne sert à rien. Seulement à se sentir encore plus mal et comme la punition elle n’est pas du tout efficace. (D’ailleurs la culpabilité est une sorte de punition qu’on s’inflige à soi-même, le comble!)
Si vous avez envie de changer le rapport avec vos enfants, non seulement c’est possible, mais c’est aussi plus simple qu’il n’y parait. (Et ce n’est jamais trop tard). Il y a toute sorte de moyens de faire cesser les comportements inadaptés de vos enfants et qui sont beaucoup plus efficaces et agréables (pour tout le monde). Puisque comme vous l’avez surement compris, en punissant votre enfant, vous vous punissez vous-même.
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*https://www.marianne.net/societe/en-correctionnelle-pres-d-un-condamne-sur-deux-recidive
One Reply to “Un enfant puni croit que ses parents ne l’aiment pas”