Alors quand on est maman seule (ou papa seul), c’est souvent (toujours) que le père (ou la mère) est absent(e). Jusque là, vous me suivez? Bon, on va partir de la situation où c’est le père qui manque, (ben, parce que ça m’arrange, et puis c’est moi qui écris, alors c’est comme ça). Mais ça marche dans l’autre sens, bien sûr. Et l’enfant, les enfants, eux, ne sont pas concernés par les disputes, les rancoeurs, les coups de pute… et autres différends divers qui ont abouti à cette regrettable (ou pas) situation.
Alors qu’en dire de cet absent? Telle est la question. Et aussi quand dire? Nuance. (Vous avez vu, je m’essaie à un peu plus de subtilité, ça vous plaît?)
On a souvent peur de remuer le couteau dans la plaie, de raviver le chagrin avec des mots, alors c’est le silence, le silence absolu. L’autre disparaît (une fois de plus) dans un abîme sans fond et l’enfant le perd deux fois, une fois en vrai, et une fois en mot.
« La parole guérit » disait Dolto.
Ok. Mais comment dire? Le psy que j’ai été voir me conseille de l »insérer naturellement dans la conversation. Quand l’enfant fait une crise de nerf, par exemple?
« Ah!… ça me rappelle ton enfoiré de père, quand il criait comme ça, ça me faisait le même effet, juste envie de me barrer très loin d’ici et pour toujours ».
– Bien tenté. Peut mieux faire.
Ou sinon, dès que vous y pensez, le plus naturellement possible, sans se mettre de frein.
Devant rayon jouet du Monoprix (voir ICI pour plus de détails) :
– « Non, je ne peux pas t’acheter ça, ton abruti de père est parti avec tout mon fric! »
– Bon, essayez tout de même de présenter les choses de façon positive pour que l’enfant qui a été fait pour moitié par l’autre (et il le sait, l’enfant, je veux dire, car l’autre, des fois, l’a oublié) puisse se sentir valoriser à l’évocation de son parent manquant. Et puisse construire une personnalité riche, équilibrée, solide. C’est ce que vous voulez, non?…. Alors, un peu effort!
– « Ton père est un preux chevalier qui est parti en croisade pour nous sauver toi et moi… »
– « En croisade contre qui? »
– « Euh…. ben…. contre… contre les … extraterrestres, évidemment! »
– « Arrête de raconter n’importe quoi, maman! »
– Voyons, essayez plutôt de rester proche de la réalité. Il doit bien avoir des côtés positifs cet homme là, quand même. Si, si, cherchez bien, au fin fond de votre mémoire. Oui, c’est ça, en bas à gauche, il y a un petit truc sympa. Allez, accrochez vous dessus et ne lâchez plus le fil.
Alors, en allant à l’école, ce matin:
– « T’as vu le monsieur, là?… il a un bonnet et des tennis, comme papa quand il va faire du sport… »
– « Ah, oui!… Papa, quand il va courir, il s’habille comme ça » (sourire de l’enfant)
Vous voyez, quand vous voulez.
Et dernier petit truc, si le père a reconnu l’enfant, n’hésitez pas à lui expliquer ce que cela veut dire: qu’à sa naissance, il a été à la mairie pour déclarer son existence et lui donner son nom. C’est un très beau cadeau, ça, un nom.
Et ça ne s’achète pas au Monoprix.
2 Replies to “Les absents ont-ils toujours tort?”