En maternelle, on accompagne son enfant jusque dans sa classe. Un petit moment pour découvrir les créations artistiques de sa progéniture, discuter avec la maîtresse et… dire au revoir à son enfant pour la journée. J’adore ce moment, à tel point que je me demande si je ne préfère pas la compagnie des enfants de moins de 6 ans, à celle des adultes en général. J’aime leur conversation, leur façon de venir vers moi pour me raconter la chose la plus extraordinaire du monde: « hier soir, mon frère a vomi »… « Moi, j’ai trop de chance, je vais aller à l’aquarium de Paris voir des poissons qui nagent »…
Je fais partie de la minorité des parents qui attendent que la maîtresse les vire pour partir. Car il existe plusieurs attitudes face au départ du matin et une fois déterminée, on s’y tient assidûment tout au long de l’année:
– il y a ceux qui arrivent avant l’ouverture des portes, pressés de partir au travail et quittent rapidement leurs enfants avec un bref: « à ce soir! »
– ceux qui arrivent toujours après que la cloche ait sonné en tirant par le bras leur enfant d’un air excédé: « dépêche-toi, mais dépêche-toi! »
– ceux qui essaient de battre le record du câlin le plus long du monde « encore deux minutes, ma chérie, après j’y vais » (et qui n’y vont jamais),
– ceux qui récitent pour la énième fois le programme de la journée: « alors, tu as bien compris, ce midi, c’est mamie qui vient te chercher, cet après-midi tu restes au goûter et puis ta nounou viendra te prendre à 16h30 et ensuite c’est grand-père qui… »,
– et ceux (la majorité, moi y compris) qui lâchent un énorme soupir sans même s’en rendre compte en sortant de la classe « Ouf… Enfin quelques heures de tranquillité, calme, de liberté,… de « je vais pouvoir penser à autre chose… ».
L’année dernière j’ai remarqué un père mal rasé qui venait tous les midis chercher sa fille d’un air tristounet, et qui contrastait fortement avec les pères costard-cravatés-pressés du matin. J’ai tout de suite compris qu’il était au chômage, et qu’il profitait de son temps libre pour le passer avec sa fille. J’ai surpris la mère de la fillette, toujours impeccablement vêtue, lui dire « on se revoit dans une semaine, sois sage ». Et là, j’ai compris l’air attristé du papa, non seulement au chômage, mais aussi séparé de cette femme active aussi dynamique que lui était mollasson et mal fagoté. Je les ai regardé pendant plusieurs semaines, imaginant leur quotidien, voyant ce père de plus en plus débraillé et l’air toujours aussi fatigué. Et trouvant que cette petite fille tenait drôlement bien le coup, cherchant comment des personnes aussi différentes avaient pu décider de faire un enfant ensemble et réfléchissant à la cruauté des séparations en général…. jusqu’au jour où ma fille a été invité chez eux.
Non seulement, ils ne sont pas séparés du tout, mais la mère attend un 2ème enfant! Le père, lui, gagne bien sa vie, il est …. chauffeur de taxi la nuit, ce qui explique son air fatigué du matin…
Ca m’apprendra à faire gaffe quand j’extrapole… C’est pas parce que ma vie est compliquée que celle des autres l’est forcément. Et puis, c’est bien connu: on ne doit pas toujours se fier aux apparences. J’ai bien compris la leçon.
N’empêche que ce matin, j’ai surpris le papa d’un petit garçon poser négligemment son bras sur l’épaule de la maman d’une petite fille, leur complicité m’a paru tout de suite suspecte… et dès qu’ils ont vu que je les observais, ils se sont écartés l’un de l’autre.
Je vais y regarder de plus près.
Promis, je vous tiens au courant.
Hahaha c’est plus fort que nous… On observe pour analyser…de travers parfois!! ;))
La vie des autres est toujours plus chouette que la notre.
C’est comme l’herbe qui est toujours plus verte de l’autre côté de la barrière.